§- Après demain, comme tous les Huit Mars, nous fêterons la Journée Internationale des bonnes-femmes.
Coutume très nécessaire, élevée désormais au rang d'Institution.
§- Qui me lit convenablement, le sait, l'histoire de toute société jusqu'à nos jours n'a été que l'histoire de la lutte du beau sexe pour son émancipation.
Tout au long de la Nuit, la nuit des temps, la Femme (F) a gémi sous le poids du mâle, les ovules sous la férule, la croupe sous la coupe masculine.
Longtemps, elle demeura enchaînée au pénible devoir d'enfanter l'humanité.
§-Sur les ruines de la féodalité, l'époque bourgeoise, si elle n'a pas réussi à abolir absolument l'oppression de F, allait jeter les bases de la possibilité de son émancipation.
Et cela par la Sainte Alliance de leurs conditions.
§- Voici comment. (D'après Paul Lafargue, le gendre de Marx.)
" En tant que femmes", les femmes de la bourgeoisie, les bourgeoises, vivaient une véritable vie de martyr.
Pour faire valoir les toilettes féeriques que les couturières avaient ouvré, elles se devaient de les essayer, et du soir au matin elles s'épuisaient à faire la navette d'une robe dans une autre.
Ensuite, ces malheureuses, sanglées dans leurs corsets, à l'étroit dans leurs bottines, décolletées jusqu'à la vulve, se devaient de tournoyer des nuits entières aux bras des millionnaires...pour faire marcher le commerce qui employait les petites-mains.
Ces dernières (entre toutes), petites ovalistes, moulineuses, fileuses, tisseuses, "grelottant sous leurs cotonnades rapetassées à chagriner l'oeil d'un juif " (Lafargue), ayant souvent à peine plus de treize ans, "ont filé et tissé les robes de soie des cocottes de toute la chrétienté."
Les pauvrettes, travaillant quatorze heures par jour, n'avaient pas le temps de songer à la toilette, jamais elles ne jouiront des fruits de leur labeur, ne feront du frou-frou avec les soieries qu'elles se tuaient à coudre.
"Dès qu'elles ont perdu leurs dents de lait, elles se sont dévouées et ont vécu dans l'abstinence," pour la plus grande joie des Putains de la bourgeoisie.
Ainsi les unes se trouvaient très bien vengées par le succès des autres !
N'est ce pas ?
Telle est l'universelle et toute mystérieuse "condition féminine".
§- En nos âges moins corsetés, et bien moins culottés, le débraillé des mœurs a simplifié l'habillage au point de réduire les antagonismes des c... à la portion des grues. "La femme est naturelle", partant "abominable" nous dit Charles Baudelaire. Naguère des régles strictes la corsetaient, l'empêchant en public de laisser voir sa vulgarité intrinséque.
Désormais, elle n'est plus sous le joug, toute latitude lui est laissé d'exprimer son être véritable.
Le résultat est là, sous nos yeux.
félix le chat